La manufacture Audemars Piguet


Publié le 11 juillet 2019

J’ai eu la chance d’être parmi quelques privilégiés à pouvoir passer les portes de la manufacture de l’horloger Audemars Piguet au Brassus dans la Vallée de Joux.

L’histoire AP

Audemars Piguet, fondée en 1875 est l’une des plus anciennes maison horlogère Suisse et est notamment le créateur de la célèbre montre Royal Oak.

Au commencement la marque est lancée par Jules Louis Audemars et Edward Auguste Piguet alors âgés de 24 et 22 ans et fabrique essentiellement des montres de poche à complications pour d’autres marques horlogères (ce que la maison continue de faire aujourd’hui pour Richard Mille par exemple). Rapidement, elle fera apparaitre le nom de la marque sur les mécanismes et cadrans.

Tout au long du 19ème siècle la maison réalise des pièces incroyablement avancées pour l’époque comme le plus petit mécanisme de montre au monde qui tient dans un bracelet en diamants Tiffany’s en 1927 (battu depuis pas Jaeger-lecoultre de 0,03cm seulement!), ou bien encore des montres à gousset avec des complications comme : grande et petite sonnerie, une répétition minute à carillon, un réveil (oui oui), des quantièmes perpétuels (dates correctes et/ou phases de lunes)… La montre universelle de 1899 en est un superbe exemple !

La marque continue son expansion malgré les temps difficiles des années 10 aux années 40 mais créée une révolution de plus en 1972 grâce à Gerald Genta, fameux designer de montres.

A la demande du marché Italien, Audemars Piguet imagine une montre de sport de luxe et présente la Royal Oak, qui deviendra le modèle iconique de la marque et qui marquera le plus la mémoire collective.

Royal Oak Quantième perpétuel (ici le prototype RD#2)

Cependant le succès ne fût pas immédiat puisque la montre tranchait tellement avec tous les codes de l’horlogerie de l’époque que ce n’est qu’après quelques années que la demande explosa créant aujourd’hui une montre presque uniquement accessible sur liste d’attente.

Royal Oak chronographe 38mm

En 2019, la maison annonce également une nouvelle collection forte, la Code 11.59 by Audemars Piguet qui ressemble à une montre ronde contemporaine mais qui reste pourtant octogonale et qui je l’espère deviendra une référence dans les années à venir. Un octogone qui ne se voit pas sous tous les angles fait bien évidemment un clin d’oeil à la Royal Oak et qui permet beaucoup plus de variations de finitions que sur une surface ronde.

Enfin, Audemars Piguet ne se place pas comme la plupart des horlogers que l’on connaît puisqu’à l’inverse de beaucoup la marque ne fabrique que 40 000 montres/an pour s’assurer une qualité de production digne de leur savoir-faire (chiffre qui changera en 2020).

La manufacture

J’ai eu la chance de rentrer dans la manufacture ou environ 800 personnes travaillent et je vais surtout me focaliser sur l’atelier des spécialités horlogères des modèles d’aujourd’hui et également sur l’atelier de restauration qui est fascinant.

> L’atelier des spécialités horlogères :

Dans cet atelier entièrement meublé d’établis et de rangements en bois les horlogers fabriquent des mécanismes et des complications les plus complexes à la main, passant des heures et des heures sur chaque modèle pour qu’il soit parfait.

Chaque établi est dédié à une complication et c’est la table des quantièmes perpétuels (QP) qui me fascine le plus. Ici les horlogers assemblent des montres qui contiennent plus de 100 composants à la main et les testent avant de les livrer à leurs propriétaires.

mouvement pour Royal Oak double balancier squelette

> L’atelier de restauration :

C’est surtout cet atelier qui m’a fasciné puisque seulement 3 personnes sont en charge de la restauration des modèles dont la marque ne dispose plus de pièces de rechange. Les 3 artisans utilisent encore des outils d’époque pour entretenir les trésors qu’ils ont entre les mains.

L’un deux nous montre comment réaliser et accorder à la main un gong de montre de poche. L’opération prend des heures et ils n’ont pas le droit à l’erreur sous peine de devoir recommencer l’opération à 0. Il nous raconte d’ailleurs sa devise : « Avoir de la patience et être patient ».

Un bureau de l’atelier de restauration

Dans cet atelier on retrouve aussi des pièces et des montres d’époques classées dans une vieille armoire en guise d’encyclopédie et de « modèles de pièces ». L’armoire est pleine à craquer de montres comme celle ci-dessous entièrement démontées.

L’armoire à archives

Mais le plus gros défi est de parvenir à rénover ou réparer des modèles parfois uniques qui ne figurent pas ou plus dans les historiques de la marque (puisque rappelons qu’Audemars Piguet fabriquait des complications pour d’autres marques dans le passé) et pour lesquels les maitres horlogers doivent comprendre et apprendre à démonter, rénover, re-créer des pièces qui peuvent aussi grosse qu’un cheveu et les remonter.

3 pièces de mouvement faites main

Un vrai travail d’horloger qui me fascine tant par l’assiduité que par la technique que cela demande !

Notre visite se termine et je repars encore plus conquis par cette marque qui a fait avancer et évoluer le marché de l’horlogerie depuis sa création.

Très souvent il est compliqué d’expliquer à des non-initiés à l’horlogerie pourquoi certains modèles atteignent des prix aussi peu accessibles au grand public mais lorsque l’on se rend dans l’une de ces manufactures tout prend son sens. On comprend que derrière chaque pièce qui sort c’est un nombre important d’horlogers qui ont travaillé dessus. Et cela sans compter les années de recherche et développement derrière pour assurer une durablilité et une fiabilité aux produits.

Je dis toujours qu’une montre définit une personne, rien qu’en regardant le poignet d’une personne que l’on rencontre on peut savoir qui elle est. Et définitivement lorsque vous croiserez quelqu’un avec une Audemars Piguet au poignet, vous saurez que c’est une personne qui a du goût, n’est pas ostentatoire et qui s’y connaît en horlogerie.

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